23 déc. 2007

Imaginer (balcon)



On s’assoira, ce jour, on montera vers, le bord du zinc fatigué qu’une mousse rase tatoue par endroits. Le froid à la peau, le frisson qui parachèvera l’isolement dans lequel un peu depuis la nouvelle.Ça passe. D’ici la ville et ses rues tracent les voies infinies qui parsèment la chênaie, toits et façades et fenêtres et halos de places en places. Et percée de la rue, sa rumeur dans la pente vers la clairière et son métro. Tout cet espace replié en les murs épais et les secrets de soi non sus et qui résonnent parfois derrière les lourdes tentures, aux pas des autres sous le lu. Replis pourtant, en lignes et paragraphes, et strates de pages, séparées les unes des autres — cahiers dit-on — il y a longtemps maintenant, mais qui gardent le sillon de ce couteau avide dans le vif du texte. Espace soudain qui ne connaît pas de deuil, s’extirpe du blockhaus au milieu de la foule en guirlandes ; infini déployé soudain qu’on voudrait dire, expliquer, comment l’on a scruté la mer et supposé la voile, comment le hameau bruissait d’où « elle sortant de la nuit chaque matin toute nette et claire, comme un galet d’où se retire le torrent. ». Espace et chemins dans l’infini littérature ; non pas direction mais signes simplement des possibles à jamais qui se travaillent pierre à pierre.
L’en forêt italique au dessus du récit par. La rugosité dans le nom, comme la rupture d’après la découverte, sur laquelle on tombe après avoir glissé sur le prénom doux. Une rose des vents et l’éditeur, à qui fidélité fut donnée — ce qu’en ce mot, le contrat à la langue comme au reste.
On s’assoira, ce jour, on montera vers, on cherchera, un balcon, un rivage…
Tremblement, peut-être. Le froid sans doute et l’inexploré, encore, par quarante-deux lettres et quelques ponctuations.


Musique : Second mouvement (andante) de la
Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur op.109 de Gabriel Fauré

21 déc. 2007

Imaginer (clos)

Que nuit et sommeil seraient passés en oubliant le corps et la conscience de.
Que dans le noir, encore ; sur le dos ou qu’importe puisque les yeux, au clos derrière les paupières ne le vérifient pas. Au mieux le noir pourrait se teinter de rose sang, au travers du clos aux veines bleutées, prouvant une lumière, cependant que la non couleur ne serait pas assurance de noir. Dormir ou tout comme pour qui observerait. Lent cycle dans la poitrine, allées et venues d’air, atonie tranquille dans la main au sol et masque-visage oublié. Qu’eux, yeux non-clos derrière leurs closes, sans cesse veulent savoir. Mais ne cherchent plus d’images, plus de lumière. Il faudrait déclore, or on dors paupière baissées ici, Monsieur. Et puis ouvrir ce serait quitter la léthargie, laisser à l’éveil la place qu’il occupe déjà trop quand la conscience est là. Soudain savoir le corps au bout des doigts, des lèvres, connaître un cheveux qui y glisserait. Trop. Alors tandis qu’aucune volonté de voir ne les presse, ces yeux-ci sont occupés à scruter le sentis, ce qui dans le muscle patiente et n’abandonne pas totalement les os. La main, par exemple, celle qui gît au sol. Non sentis sol mais épaule et coude ne pourraient être ce qu’ils disent sans que cela mette la main au sol. Car l’anesthésie habituelle est en la main — elle, n’est pas — mais pas au reste du bras. Bien que sentis, triceps carmin, y projetant tout la volonté de mouvement que le poids du sommeil assomme, rien ne vient mouvoir ce soudain épais. De même à la cuisse, au dos qui pousse les vertèbres contre la peau qui les contient. Gésir. Qu’est-on se sachant mobile, capable de, où, d’où, comment et combien de pour lever la main, sans aboutir à rien. N’est pas repos cet étendu qui inquiète pour finir. Et pourtant l’aube du corps ainsi connue séduit un peu, comme mort mangeant en la main. Finir par hurler au muscle, au muscle, aux muscles, la peur que cela cesse. Tant que corps au dedans, maître à nouveau de l’enveloppe où le regard passait, curieux, incapable de parler aux muscles.
De la fenêtre où j’écris, hurlent dans l’ombre des insomniaques à leurs fenêtres.

11 déc. 2007

Imaginer (aube)

Bitume, bitume, bitume.
Sur le luisant retour.
Les cicatrices familières, rigoles sans source ni delta, encadrent de petits champs teintés de gris variés, ocellés de chewing-gum morts que rien ne lavera plus.
Et, pour chaque parcelle, une date, gravée lorsqu’encore malléable le bitume fumait. Vie ou mort ? Où la stèle de ce tombeau ? Qu’en dessous ?
Cadavre de ville desous le macadam.
Babil de communications, cavalcade d’électrons, lentement dilacèrent les rues pavées enfouies, maisons et caves en décomposition, jardinets, et escaliers aveugles. Tandis que de pseudo-nappes corsetées de cuivres digèrent les derniers reliefs, ne reste sous la tombe qu’une terre livide, d’où rien jamais ne pousse.
Certaines graines s’y essaient, champignons ou chênes, rident le front élastique jusqu’à ce qu’à force de vague le tombeau se fissure.
On comblera bientôt, cette mort qui persiste jusqu’à nier l’oubli.

La ville cepandant qui bourgeonne et s’étale, belle sous la pluie comme lorsqu’aux toit lointains glissent des langues bleus qui teintent les fenêtres.

Nul besoin pour ce, de ce terreau stérile, scellé de gris daté.

Penser ici parfois,
passant,
déposer en pensé,
le vert de quelque houx,
et des fleurs-bruyères.

3 déc. 2007

Imaginer (falaise)

Une première expérience, dans ce billet, de mélange du texte et de l’image.
Un grand merci à Sébastien Van Eyck (fondateur de Not a Number), pour l’ensemble de la technique.
Concernant la technique, il se peut que vous ne voyez rien…

– Certains agrégateurs de flux rss n’affichent pas bien le flash (google reader, par exemple), allez voir le blog lui-même ;
– si vous n’avez pas le plugin flash, votre navigateur devrait vous le proposer, accéptez ;
– si vous utilisez internet explorer, pas de panique, cliquez ici ;
– si les caractères accentués et autres sont mal affichés. Dans firefox allez sélectionner Affichage > Encodage des caractères > Détection automatique > Encodage universel à partir de la barre du haut ;
– C’est encore une phase de test, et blogger est « capricieux ». Si vraiment rien ne s’affiche sur cette page, rendez-vous .

Une fois sur la bonne page, attendez que le tout soit chargé et taquinez votre souris…
Ce n’est qu’un petit essai, d’autres variations à venir, j’espère.

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30 nov. 2007

Imaginer (retour)



« Le moment est venu de ne faire plus qu’un.
le moment est venu de détruire sa maison pierre par pierre.
le moment est venu de se lier les pieds et les mains et la langue et la tête.
le moment est venu de se précipiter corps contre corps, de se mêler corps contre corps, de fondre les corps dans les corps. le moment est venu de l’abandon et de l’anéantissement dans le gouffre glacial, aveugle, immobile grondant, et souverain de… »
B-M Koltès La marche


Sous les pas le temps, solide soudain, résonne au talon, marquant au corps pas à pas la vibration du passé qui pousse l’autrefois jusqu’au maintenant en un frisson. L’image se trouble un instant sous les yeux a ciller, revêt le costume d’avant, au même gris que celui du présent. La marche ne trouve plus rien du terrain souple coutumier qui d’habitude comme pousse au lendemain et roule, dans le dos, les vagues une à une d’hier, dont l’écume glisse aux talons un instant encore avant de s’abandonner à la mer du souvenu. Roulent encore au fond, dans l’attente d’un retour, peut-être, à la grève. Chaque pas à pas dans les os révèle tel grincement de la poignée, tel poids de la porte contre laquelle l’épaule — ces os là aussi — lance son présent et se heurte aux souvenus, lourd ; tel froid sous la dentelle lactée de la main, aux vertèbres saillantes sous la peau apeurée ; l’espace que l’extérieur ne présuppose pas et duquel naît l’écho ancien que la semelle écrase sur le béton poussiéreux ; de chaque horizon-mur à trois cent soixante autour se détache un mur, gris encore, que l’os connaît, il s’y voit s’y presser, s’en extraire avec image, sons, odeurs, y retourner une fois le regard passé. Ne plus marteler, pas à pas, clore sur prunelle, se creuser pour atteindre l’os et chercher les détails, serait renaître au présent, charpente comme neuve sous la chair, mais fissurée peut-être, prête à rompre, à se fendre, et s’écrouler jusqu’aux caroncules, ici au creux de la rémanence du temps. Frapper encore Chronos sous les pas ; sortir, trouver la porte vers le présent du dehors ; marcher encore jusqu’à ce que le sable se glisse en dessous à nouveau ; retrouver pour finir la mer lente dans le dos, alourdie elle aussi de tous ces os noyés, souvenus.

23 nov. 2007

Imaginer (la pluie)







Vieille soudain.
Le dos, mal. Les yeux comme trop petit, et rougis un peu ; bien peu vu. Pourtant oir ne nécessiterais que la tête à tourner mais le cou ne le peut plus, encadré des épaules qu’habitent un lente douleur grinçant jusque dans les jambes, par l’arc des vertèbres soudées.
La montagne escalier devant attends : dans peu il faudra, marche à marche, bougie en main, aller faire lumière au plateau et rendre à chacun ces objets que la pluie a dispersés.
Quelques pas, lourds et lents en coulisses, aller guetter ce que la lumière murmure aux planches et que la musique leurs dit déjà. Encore. Ne pas autre qu’aller voir, encore. Lui glisser un au-revoir, encore. Comme les autres soir, encore. Quand les mêmes mitaines aux mains, la même accumulations de vêtements au corps. La jupe noire que ma main essoufflée soulève un peu pour glisser vers le public pendant qu’il s’installe. Une noix offerte, un bonbon poussiéreux.
Sur scène, Hanna, lentement, laisse A. souffler la bougie du souvenu, de la fatigue, celle de l’accumulation lourde à son corps comme soudain au mien. Il faut bien que ce finisse. Savoir que. L’accordéon égrainé dans le silence absolu de la salle. Son regard, d’elle à lui, dans la fumée de la soufflée. Puis, petits pas lui pour elle, aussi, vont la coucher au milieu des siens. De ceux qu’elle a choisi pour siens. Abandonne le gant qui était main. Bruit de velcro, les jambes rendues à l’ombre de la jupe pour qu’A. la porte un peu plus dans ses bras ; perdre pieds. Su déjà la main qui se dégage. L’autre qui couche la visage à sa paume-berceau. Il l’allonge. La couvre.
Le train va crier dans le noir qui tombe pour s’arrêter, encore, ils s’y entasseront jusqu’au claquement de la porte sur l’oubli.
A. me frôlera ; vieille, pour les doigts gourds à rallumer la bougie, pour les marches, pour la lumière au plateau. Sous le masque figé, tremblement aux dents, aller petits pas, ne te dandine pas, Olivier quelque part en tête. Loin. Souvenir de.
Tellement vieille soudain.


Musique : Toute information sera la bienvenue…

13 nov. 2007

Imaginer (creux)





De ces vécus que les répétitions n’émoussent pas. Sus sans qu’ils soient craints, pas plus que cherchés, ou convoqués.
Oubliés presque jusqu’à ce qu’une fois la position prise — appuyé, demi-caché contre le bac du palmier chétif, guettant le cri de l’acier sur les rails — les souvenus déclosent du terreau où ils demeuraient pour se fondre en l’instant lui-même.
Si bien que rien ne saurait plus distinguer alors, dans le sentiment qui creuse le ventre, la part des épisodes répétés du visage attendu parmi la foule, de celle du moment présent.
Tandis qu’enfin immobile, le train libère les premiers et le poids de leurs bagages, on est à guetter un indice qui ramènerait au présent, et l’assurance d’être ici, attendant, dans la réalité simple de l’instant et de cette image-ci : la salle, l’attente, les regards qui cherchent, trouvent, les corps noués, l’intimité des bouches, le fracas des pas, des cris, qui plongent vers les bras attendus, une solitude qui passe sur valise à roulettes et les bancs jamais vides de l’attente ou de la solitude. On en est, l’échine piquante et les idées en carton qui cessent soudain dans un mouvement de mécanique rouillée, comme une pendule du présent restée figée dans le passé, mais qui penserait encore les secondes.
Même l’angoise de rater l’attendue dont on guette le visage pour y lire la surprise ne démêle pas les instants. Car bien qu’aucun des souvenus ne vienne corroborer cette possibilité de finir seul sur le quai nu, il est certain que ce sentiment occupait déjà leur passé, comme il semble occuper le présent. Sont-ce alors les souvenirs qui poussent le sentiment d’alors jusqu’à l’instant ou une peur nouvelle ce jour, telle qu’elle pouvait peut-être l’être les fois précédentes ?
Entre tous les inconnus que le regard effleure à peine, chercher un visage où poser le souvenir du visage. Faire que l’instant oublie le passé et que le reflux de la vague qui brûlait la poitrine lisse sur la plage des sentiments une douce étendue espérée.



Musique : « Rrrrrrr 1 : Ragtime-Waltz »
Mauricio Kagel (piano : Alexandre Tharaud)
(Qui sera rapidement retiré de ce site, oui, et immédiatement
sur toute demande de la maison de disque, naturellement)

9 nov. 2007

Imaginer (pluie)

Nu. Serait nu — ou comme.
Et dressé. Nu et dressé. À l’attendre. Unique.
Pas une des innombrables autres, semblables dont on ne veux.
et qui passeraient, comme invisible à la peau.

Serait le temps. les heures.
Le froid. le vent.
Le vert, partout autour.

Tomberaient de haut, de très haut.
D’infiniment. pour l’image du nu, dressé dans le vert, à attendre sous la nuée des tombées infinies.
Visage offert. où les yeux. dressés aussi.
Le cou cassé pour la tête renversée.
Et les écarquillés à guetter sans cesse.
Comme si attendu qu’elle soit distinguée de toutes, unique pour ce qu’elle est espérée.
Alors qu’à moins que ce soient les écarquillés qui finalement la sentent, peu de chance sinon qu’il la reçoivent au moins qu’il l’aperçoivent.

Bras. impossiblement autrement que pendant.
(même impossiblement aux pieds ancrés).
Sur le front, sur les épaules, sur la bouche aussi, frapperaient celles qui ne la sont pas.
Encore et encore. sur toutes zones que la sensibilité inonde sous peau. Inonderait.
Chacune d’elles, sitôt tombée, passant. Plus goutte déjà. Vite chassée par la suivante non voulue non plus.
Toutes renvoyées au rien, avec le vent et le froid et le vert.

Elle. ne glisserait pas, ne ferait pas rigoles et sillons, agrégée aux autres.
Elle. sur cible-peau. Ploc. Là où de toujours attendue une fois que sentie.
Elle. fin de la patience.
Début. du début.
Du re-début.
Chaque sensible-peau, un à un, repartant au zéro unique de cet enfin-là. Et chaque sensible sous peau de même.
Cessant la nécessité d’oublier tout ce qu’avant l’attente. Longue au cours de laquelle rien d’autre que cet oubli pour combler.

Et l’espoir. L’oubli et l’espoir pour la patience.

Alors, à bout de patience, ploc, re-sentirait à nouveau, du début. Re.
Nouveau début.
Re-nouveau.

2 nov. 2007

Imaginer (double bass)






Trois.
Deux et celui qui chante à l’oreille. Trois dans le noir. Non qu’ils ne soient pas éclairés. Au contraire. Seuls eux le sont. Mais tout l’immense reste n’est qu’obscurité. Tant obscurité que chacun n’est finalement qu’un, avec sa lumière, au creux du noir. Eux-même ne voient que du noir. Et s’ils ouvraient les yeux — ce qu’il feront peut-être à un moment — tout l’autour ne serait que noir de même. Tout sauf les deux autres, bien entendu, éclairés de même que celui qui regarderait alors. Les regarderait-il pour autant ? Rien n’est moins sûr. Qu’il soit celui qui chante à l’oreille ou un des deux autres, il préfère les écouter. Sans doute, s’ils ouvraient les yeux, regarderaient-ils le noir. Avec une préférence pour le noir qui se trouve juste en face d’eux. Il le faut, bien que tout ce qu’en face devienne une incertitude, un doute lorsqu’ils sont ainsi dans le noir. Quoi qu’il en soit, leurs yeux sont la plus grande partie du temps fermés. D’autant plus s’ils chantent à l’oreille. Non, pas ils, mais il, puisque un seul chante. Et pas vraiment à l’oreille. Elle est trop haute pour que, courbé comme il l’est, sa bouche y parvienne. Les autres aussi, bien qu’assis, sont en quelques sortes courbés, sans raison apparente de bouche ni d’oreille. Tout du moins les imagine-t-on facilement courbé. Comme on imaginerait tout autre qu’eux courbé de même dans cette situation. Pour entrer dans l’image.
Il lui chante à l’oreille surtout lorsqu’il est seul, ou tout comme seul puisque il ne l’est jamais totalement, les deux autres l’accompagnant dans cette boucle. Et, au fond du temps, chantant tandis qu’il la referme, il s’apprête à la reprendre pour eux. Chantera-t-il alors ? Peut-être, courbé comme il l’est, se laissera-t-il chanter à l’oreille à son tour. Quoi qu’en fait nul ne sache si, quand il chante, il chante pour ou avec. S’il accompagne, s’il souffle, imite, ou s’il encourage. Peut-être même ne chante-t-il ni pour ni avec. Peut-être n’est-ce que pour lui. Ce serait la raison pour laquelle il reste là, dans le cou, dans le noir, sans chercher l’oreille. Lui pour lui comme elle pour elle. Dans les bras l’un de l’autre sans nulle autre nécessité de communication. Marmonnant chacun pour eux, bercé par le crépitant d’à côté… non. Il chante à l’oreille, l’image est ainsi qu’il lui chante à l’oreille. Et qu’elle lui répond, l’accompagne, lui souffle ou l’imite, nul ne sait. Mais, toujours, le crépitant les bercent. Lui en fait n’était pas là au début. Il avait sa lumière, dans le noir, mais ne crépitait pas encore. Ils se sont tu pour qu’il se lance ; puis l’ont rejoint ; et depuis, à mesure que les boucles se bouclent, il crépite de plus en plus, avant de cesser à nouveau et de se taire à jamais comme les autre à l’issue de la dernière boucle.
Sans doute entend-il le chant. Bien que ce dernier ne soit pas à son oreille et que celle-ci ait le crépitant pour elle, il écoute le chant. Et le berce dans la boucle. Trois donc. Celui qui chante à l’oreille, le crépitant, et le troisième. Courbés sous la lumière, dans le noir. Pour l’image.

Et le son.


Musique : « You look good to me »
We get requests (1964)
Oscar Peterson (p), Ray Brown (b), Ed Thigpen (d)
(Qui sera rapidement retiré de ce site, oui, et immédiatement
sur toute demande de la maison de disque, naturellement)

27 oct. 2007

Imaginer (voix)

« J’écris autrement que je ne parle,
je parle autrement que je ne pense,
je pense autrement que je ne devrais penser
et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité »
F. Kafka




Voix en soi. Ou de soi. Voix ou idée de. qui serait la voix du mot écrit ; celle que ne parle pas la langue ; une voix musique ; une voix oreille.
Une qui sais, ou qu’on crois savoir sachant. Quoi qu’il en soit nulle autre à écouter. Pas même vraiment le choix de ne la pas écouter.
Du dedans, elle dit. Plus souvent du silence et du vide, mais pas nécessairement dès que silence ou vide, elle dit.
Que dit-elle ? Rares bribes et mots tronqués surgissant sans suite et raison, ou multiples long rubans de langues affolées fuyant vite.
Et Non. Du dedans elle dit non.
Non. Parfois, et même souvent, Non, dès qu’on lui cherche un substrat extérieur à soi.
Non, dit-elle, Ce n’est pas ce que dit, dit-elle, Encore, dit-elle, Recommence, dit-elle.
Redit-elle ? Elle redit. ou semble redire. Avec d’infinies variations infimes, elle redit. Sans que le redit soit plus su que le dit.
Lorsque finalement, Ne sais pas, Suis fatigué. Faire taire par l’étouffement d’elle sous le vu, le lu et l’entendu d’autres pour combler. noyer en fait. Un temps. Car insatiable, bien entendu. Et les silences guettent.
Quand la langue finalement la parle, essaie de la parler, la voix ne se reconnaît pas et, bien souvent, lorsqu’écrite elle se lit, non reconnue non plus ; elle le dit, Ce n’est pas ce que dit. C’est qu’hors de la boue de soi, elle se perd. Car, en admettant qu’elle puisse l’être, elle ne peut être qu’extraite de l’enveloppe de soi d’où elle résonne à l’intérieur. On la sait peau, limite, barrière de soi. En dedans d’elle seul soi peut être ; en dehors tous êtres le peut, sauf soi.
Alors totalement en dedans, enfermé à jamais ? Non, reste les bouts de soi, jetés à l’extérieur. Mais chaque mue d’elle ne la révèle pas — la mue est morte et la voix, du dedans, le dit encore, Ce n’est pas ce que.
Alors, À vif, les couches grattées, les mortes-mues dépecées avant que sèches, aller chercher la vivante en dessous.
Voix.
Que dit-elle ?
Non.
Recommence.


Musique : « Cind erma la ’48 »
Taraf de Haïdouks Honourable brigands, magic horses and evil eyes
(Qui sera rapidement retiré de ce site, oui, et immédiatement
sur toute demande de la maison de disque, naturellement)

26 oct. 2007

Imaginer (sémantique)

J’entame une page de réflexions (oui, tout comme un autre en a, plusieurs, qui évoluent régulièrement) tout simplement par ce que je me sens totalement incapable de mettre mes idées en forme proprement (ou bien n’en ai-je pas le courage, ce qui aboutit à peu de choses près au même).

Je ne sais pas combien il y a de flux dans mon lecteur de flux rss mais, le parcourant, je me rends compte que nombre des sites qu’il absorbe me sont inconnus.
Je ne sais pas leur mise en page, les autres informations qu’ils proposent, pas le fond d’écran, pas tous ces détails que l’auteur met du temps à mettre en place, souvent… C’est un constat assez triste.
Et je fais d’autant plus ce constat depuis que le nombre de planets auxquels je suis abonné ne cesse d’augmenter — étrange d’ailleurs, que remue.net ou François Bon n’en aient pas encore créé un (qui prendrait rapidement des proportions considérables) — avec pour conséquence concernant certains des blogs dont je parcours le contenu par ce biais que je ne sois jamais passé sur les pages « physiques » (ai-je envie de dire).

Prise de conscience, en fait, de ce qui est désigné sous l’appellation de « web sémantique » (si j’ai bien compris). Le contenu et le contenant se séparent donc de plus en plus l’un de l’autre. Se séparent ne voulant pas dire que le contenant disparaît, loin de là, au contraire même, puisqu’en fait le contenant se multiplie et se diversifie.
Un utilisateur de LaTeX comme moi (il y en a d’autres) ne peut que se réjouir de l’idée de la séparation du contenant et du contenu. J’espère même qu’un maximum de bloggueurs rédigent directement en html, pour se préparer à cette idée, à ce nouveau rapport au texte.
Même sans aller jusqu’à l’usage de l’hypertexte, pensera-t-on encore le livre de demain de la même façon sachant les différents supports sur lesquels il se retrouvera ? Et les différentes mises en page que cela entraînera. Les images sont en train d’apprendre à s’adapter. Il suffit de regarder cette vidéo.


[Il existe un plugin pour gimp qui permet d’utiliser cette technique, et l’ircam a développé depuis longtemps un équivalent pour « résumer » une symphonie en 5 minutes]

Ira-t-on jusqu’à avoir différentes « formes » du texte, évolutives suivant le support ? Sans aller jusqu’à confier ça à un algorithme, mais le penser ? Penser le texte sous deux formes différentes, au moins deux. Dans un éditeur de texte comme vim on a la possibilité, pour faciliter l’écriture, de « plier » le texte comme une feuille, de façon à faire disparaître une partie qui n’est pas utile sur l’instant (ça existe sans doute ailleurs). C’est un aspect purement pratique mais le texte sur support numérique va permettre ça : avoir un texte et en « déplier » des passages pour en révéler une nouvelle partie.
Évidemment, ça fait un peu peur. On a, j’ai, envie d’intégrité pour le texte, envie que des techniques comme celle-ci restent du domaine du pratique. Mais peut-être est-ce parce que j’ai une pensée réductrice… D’ailleurs les nouvelles dans les journaux s’organisent déjà entre brèves et articles. Entre le résumé quotidien du Monde dans ma boîte électronique et le journal papier dans la boîte physique (quelques heures après que la version électronique du même journal me soit parvenue…)

Tout cela paraît bien impensable pour la littérature. J’entends déjà des voix (j’entends des voix !) dire : « On laissera ça aux “expérimentateurs” ». Je me pose la question (et laisse ça là, pour la colline).

21 oct. 2007

Imaginer (webcam)


Celui qui me regarde n’est pas moi.
Les yeux, deux, le décalage par la saignée blanche au dessus du droit, oui ; la bouche carmin, oui ; les cheveux, même : oui.
Mais, bien qu’il me regarde comme d’autre m’ont regardé et qui étaient moi, il ne l’est pas.
S’il l’était, comme par exemple l’est celui qui me regarde depuis les miroirs — et qui est moi, celui-ci, je le sais —, il lèverait la gauche lorsque moi la droite, ce qui le porte serait froid et la transparence parfois l’estomperait un peu, me révélerait un autre monde derrière ce moi-là. De même parfois surgirait-il de la transparence, moi tout à fait, bien que translucide et fugitif.
Tout ce, donc, qui le différencie de moi et me le fait reconnaître en tant que moi me regardant. Pouvant le faire.
De même suis-je moi, ombre qui me regarde, silhouette fondue qui coule et colle au support. Lève son moi gauche lorsque moi mon droit. Et pas sa droite pour la mienne comme celui-ci qui me scrute et m’imite, que je ne reconnais pas.
C’est encore moi, immobile et glacé qui me fixe dans les photos, moi figé, alors que je le tiens, moi, dans ma main.
Me regardant.
Bien moi, aussi, qui me voit dans un film à travers le décalage du temps et le souvenir de ce moi là que j’étais et qui me regarde à présent. Et que je reconnais, naturellement.
Il, depuis la fenêtre et l’écran, dans une pièce qui se joue la mienne en tout point, me singe sans cesse.
La saignée blanche à droite, soulevée de surprise, froncée de colère. aussi.
Tout essayer. Feintes et jeux de lumière.
Patience. Sa réalité le fera bien quitter la mienne.
(et me le faire connaître pour ce qu’il)
Il me regarde encore.
Mais ce n’est pas moi.

17 oct. 2007

Imaginer (commentaire)

« et si l'encre sait boire le papier, elle sait mieux encore s'engloutir sous les formes qu'elle dessine. »


S’engloutir sous.
Et de là gagner, fibre à fibre, le terreau de la forme. Où. Et d’où.
Que le réseau du terreau se fasse câble, réseau de même, fibre de même, où s’engloutir de même ; alors la forme gagne un terreau autre.
Où formes et encres s’engloutissant.
De même.
Où le papier bu par l’encre hyper-bleue — soulignée bleue — renvoie à d’autres : papier encre câble terreau fibre fibres terreaux câbles encres et papiers.
L’hyper-bleue, s’étant englouti sous, se fonce, comme un sang chargé d’oxygène nouveau à dispenser plus loin.
À autre. autres.
Vide, elle revient combler ses hèmes, avec cette faculté d’avoir d’autant plus d’affinité pour la forme qu’elle s’est engloutie dessous.
Oxydée encore de papier bu.

13 oct. 2007

Imaginer (Encore)

Y revenir.
Encore.
Y revenir. Ré-ouvrir. Re-lire.
Encore.
Re-Thomas, re-l’attente, re-le dernier, re-de K à.
Les mots, un par un. Et (p)hrase. Et ()ragraphes. Et ()ages.
Non, trop vite, mangé par, encore. Pas compris.
Re-(p) & (p) & (p).
Encore.
Avalé. Pas par l’histoire. Pas par le livre. Mais par les mots & () & () & ().
Et puisque la littérature avait mangé Blanchot, admettre qu’il nous écrive du plus profond d’elle. Comme depuis les profondeurs apaisées d’une mer à la surface de laquelle on serait encore, soi, filant vite sans la saisir jamais ; mer qui ne nous céderait pas même la pitié de nous faire chavirer pour nous. Laisser engloutir. Laisser faire. Faire engloutir.
Avancer quand même, le regard vers l’étrave à la rencontre de laquelle naît l’écume qui masque les abîmes d’où il.
Cette écume n’est pas miroir ; ou si c’en est un de quel type est-il pour qu’en place de reflet on se retrouve, soi en soi, plongé aveugle au fond de soi même ?
Si j’avais les traits sous un pinceau pour le dire c’est un monstre autophage qui dévorerait avec dégoût ses entrailles acides et y reviendrait sans cesse malgré l’abondance délicieuse de la bibliothèque autour.
Encore.
Re.

11 oct. 2007

Imaginer (il bouge)

Je ne le connais pas vraiment.
Je suis en face.
Je ne le touche pas. Presque, mais pas.
Je ne le connais pas vraiment.
Il comme dort.
Un livre à sa main glisse un peu.
Je ne le connais pas vraiment.
Au début je ne l’ai pas vu. Je me suis juste assis. Mon livre.
Il bouge, comme moi balancé.
Je ne le connais pas vraiment.
Qu’est-ce qui l’harasse et l’écroule à cette heure ?
Le livre va tomber. Ma main est prête.
Je ne le connais pas vraiment.
Un sursaut. Les yeux. Le livre est sauf.
Un peu gêné. Regarde autour.
Se rendort.
Je ne le connais pas vraiment.
Ma fatigue un peu.

10 oct. 2007

Imaginer (berceuse)

Sortir, comme s’enfuir, vite de ce lieu là, qui résonne de plus en plus, une onde sans cesse à chaque échange de regard vers la scène vide que seule la lumière habillait majestueusement.
Impossible d’en détacher ton regard, puisque du vide parvient encore à mesure qu’il se vide ce qui à mesure te remplit toi — trop.
T’étais-tu préparé à ça ?
Finalement tu es le dernier à être encore assis. Ils se pressent vers le vestiaire, le bar ou la sortie.
Tu vas te lever. La silhouette est comme encore là. Temps qu’elle finisse.
Mais que se passera-t-il une fois debout ? Car si le vide te nourrit encore nul doute que par contraste l’autour sera un creux plus grand que ce qui palpitait encore sur scène et est tien maintenant. Berceuse.
Passer le long des fauteuils, la porte qui conduit vers le couloir circulaire et l’entrée jusqu’au dehors.
Rien, ne rien, tout du long, qui puisse sur toi montrer ce qu’en dedans.Pudeur pas même voulue puisque la tempête à venir n’est pas encore comprise. Mais pousse aux caroncules.
Avance.
Tout du long, chaque pas, chaque regard chaque son, nouveau, te renvoie ce qu’était deux heures durant et que tu passeras ton temps à rechercher. Cette perdition totale salvatrice.
Une fois l’air frais que tu ne sentiras pas — seuls le dehors et l’éloignement auront de l’importance — laisse, abandonne.

9 oct. 2007

Imaginer (livre électronique)

Je lis avec plaisir les compte-rendus et discussions suite au « forum pour une dynamique de la nouvelle chaîne du livre » ou ici ou encore .
Et heureusement, parce qu’au début, lisant le début du compte-rendu de François Bon, j’étais un peu colère.
Imagine-t-on vraiment les enfants qui grandiront dans quelques années avoir une bibliothèque dans leur livre électronique et un roman dans la poche ?
Comment peut-on dénigrer la sensualité et le rapport que l’on peut avoir avec un objet qui n’existe pas encore ? Dont nous n’avons que quelque prototypes moches ?
Car le livre électronique ne sera pas un ordinateur portable. Il sera autre chose, sous une autre forme, plus légère, plus portable, avec un écran plus lisible encore.
Bien entendu, la littérature utilisera ce que ce média-là lui permettra, mais pourquoi serait-ce une obligation ?
Pourquoi tout la littérature précédente ne pourrait pas s’en accommoder parfaitement ? Où est la gêne ? Un livre tient-il vraiment dans la page que l’on tourne ? (et qui dit qu’on ne pourra pas en tourner une ? Ou mieux qu’il y aura un autre plaisir que tourner une page, mais que ça n’en sera pas moins un.)
C’est une étrange aventure qui s’offre à nous, il reste tout à faire, tout à imaginer. Beaucoup a déjà été dit mais un exemple, bêtement pratique : comment notre rapport aux nombre de pages qui diminuent d’un côté pour alourdir l’autre main se fera-t-il ? Comment évaluerons-nous le reste de paragraphes avant la fin du chapitre (ce qui décide, bien entendu, du fait que je m’assoie ou pas sur un banc du quai du métro avant de sortir de la station).
Mais hormis ces questions qui se régleront, je l’espère, avec la participation éclairée des sus-nommés, entre autres, ne s’agit-il pas tout simplement d’un livre ?
Car évidemment, si je le souhaite, mon livre sera rempli de signets, de renvois vers un autre livre, et souligné et annoté.
Évidemment, je pourrai rapidement rechercher tel ou tel passage qui m’avait tant touché.
En quoi est-ce différent de ma relation actuelle au livre ? En quoi n’aurais-je pas envie de m’arrêter pour relire un passage, encore et encore ? Et d’en faire profiter un autre ? Pourquoi faudrait-il que ce soit un usage pressé, bâclé, pas en adéquation avec la littérature, la poésie ?

Et surtout, est-ce la mort du livre papier ? Pas sûr, non. Peut-être aurons-nous le choix. Les musiciens sortent de plus en plus des album mixtes téléchargeables / CD qu’est ce qui empêche la chaîne du livre de faire pareil ? (on les attend sur les formats).

Peut-être peut-on craindre l’image, l’interactivité : si le livre électronique peut afficher du texte, il pourra afficher de l’image se connecter au net. Mais imprimer des livres papiers empêchera-t-il mon voisin de regarder un film sur sa console portative ? Non, bien sûr. Ce n’est pas là la question.

En tout cas, j’attends la suite des débats !

Il faudra que je prenne le temps de parler un peu des outils de création littéraire qui pourraient être empruntés à l’informatique, et aussi de la mise en page dynamique (des textes et des images) qui changera tout dans ces livres de demain.

8 oct. 2007

Imaginer (Envie 2)

Envie de
soi blotti
contre soi-même
ou autre que soi.
Ou autre que soi
contre soi-même
soit blotti
en vie, deux.

5 oct. 2007

Imaginer (Blog)

Le blogueur ne serait-il finalement pas dans le noir ?
Imaginant pour se tenir compagnie ?
Un autre dans le même noir ou un autre — le réseau est vaste — à qui une voix dit, Tu es dans le noir.
La majeure partie de ce qu’il entend ne peut se vérifier. Comme par exemple lorsqu’il entend, Tu écrivis ta première note tel et tel jour et maintenant tu es dans le noir.

Que pour se tenir compagnie le blogueur cherche la position qui lui siérait le mieux, à lui, dans ce noir là.

Ne sachant pas même — cet autre à qui la voix — l’espace occupé par le noir. La voix pourrait le lui dire. Comme, Le noir bien que fini est immense et sans cesse croissant et nulle carte n’en fait précisément l’état. Sans que ce ne puisse être plus vérifié que le reste.
Elle le dit à lui ou à un autre puisqu’ignorant si dans ce même noir ou un autre un autre pourrait entendre la voix. Si la croissance du noir est telle qu’elle le lui dit les chances qu’un autre y soit grandissent à mesure que diminuent celles que dans cette immensité cet autre entende la voix.
Quelle contribution ce serait à la compagnie. Un ou des autres entendant ce que la voix dit.
Mais la voix ne le lui dit pas. Pas encore. Sans doute peut-elle finir par lui dire, Tu es dans le noir et un autre que toi entend une voix qui lui dit comme à toi, Tu es dans le noir et un autre que toi entend une voix qui lui dit comme à toi, Tu.
Serait-ce alors vraiment à lui que parle la voix ? Ou à cet autre dans le noir ?
Qu’elle égrène un passé.

Une autre voix pourrait-elle commenter ? Disant, Tu es dans le noir et une voix te parvient. Ou, Tu écrivis ta première note tel et tel jour et maintenant tu es dans le noir.
Une seconde voix. Ou une multitude. Pour la compagnie.

Continuant le blogueur pour celui dans le noir. La voix et le passé égrené.
(ou un autre encore créant le blogueur l’autre et la voix (et l’autre) — vite vite motus)

Pour en finir à tout prix tant bien que mal, le blogueur ne se murmure pas mot à mot, Je sais voué à l’échec ce que je fais et néanmoins persiste. Non, Car la première personne du singulier…
Muet il s’obstine. Jusqu’à entend comme quoi les mots inanes touchent à leur fin.
En fin de compte ne serait-ce pas une fable ?
Et le blogueur tel que toujours ?

4 oct. 2007

Imaginer (Compagnie)

Je me souviens encore de cette nuit où, sous le toit nu encore à l’époque et dont le zinc laissait passer le froid, j’ai lu « Compagnie ».
L’histoire de la façon dont on se retrouve avec dans les mains (toi qui aime. livre. Beckett. non, jamais. Godot peut-être. prends-le.).
Sous le toit et la couette, jusqu’à la fin que seul le nombre de pages diminuant entre mes doigts annonçait.
Lisant, je dévalais jusqu’à elle une pente, sciemment droit vers le précipice que les images creusaient peu à peu. Le gouffre, ou la perte de la pente, je m’élançais vers le bord du vertige avec calme et voracité difficilement contenue, pour goûter pleinement.
« Et comme quoi mieux vaut tout compte fait peine perdue et toi tel que toujours.
Seul. »

Comme beaucoup, je suis resté au bord de ce gouffre là depuis. Ou plutôt un rien m’est nécessaire à y retourner. « et toi tel que toujours ». Et le vent à nouveau. La pente. Berce et Déchire. Le précipice. Hors d’haleine et léger, lourd pourtant du creux créé par le souvenu égrené, le cœur à la chamade.

« et toi tel que toujours. » J’ai du sans doute tourner les dernières pages dans l’espoir de.
Et suis retourné au début. Parvient. Dans le noir. Une voix.
Tout comme j’étais retourné à la première page pour la dernière, un matin, dans le train pour la clinique Champs Notre Dame de Taverny, deux solitudes — déjà — et des champs de coton entre les mains.
Pourquoi sont-ce les larmes qui accompagnent le ravissement ?