21 déc. 2007

Imaginer (clos)

Que nuit et sommeil seraient passés en oubliant le corps et la conscience de.
Que dans le noir, encore ; sur le dos ou qu’importe puisque les yeux, au clos derrière les paupières ne le vérifient pas. Au mieux le noir pourrait se teinter de rose sang, au travers du clos aux veines bleutées, prouvant une lumière, cependant que la non couleur ne serait pas assurance de noir. Dormir ou tout comme pour qui observerait. Lent cycle dans la poitrine, allées et venues d’air, atonie tranquille dans la main au sol et masque-visage oublié. Qu’eux, yeux non-clos derrière leurs closes, sans cesse veulent savoir. Mais ne cherchent plus d’images, plus de lumière. Il faudrait déclore, or on dors paupière baissées ici, Monsieur. Et puis ouvrir ce serait quitter la léthargie, laisser à l’éveil la place qu’il occupe déjà trop quand la conscience est là. Soudain savoir le corps au bout des doigts, des lèvres, connaître un cheveux qui y glisserait. Trop. Alors tandis qu’aucune volonté de voir ne les presse, ces yeux-ci sont occupés à scruter le sentis, ce qui dans le muscle patiente et n’abandonne pas totalement les os. La main, par exemple, celle qui gît au sol. Non sentis sol mais épaule et coude ne pourraient être ce qu’ils disent sans que cela mette la main au sol. Car l’anesthésie habituelle est en la main — elle, n’est pas — mais pas au reste du bras. Bien que sentis, triceps carmin, y projetant tout la volonté de mouvement que le poids du sommeil assomme, rien ne vient mouvoir ce soudain épais. De même à la cuisse, au dos qui pousse les vertèbres contre la peau qui les contient. Gésir. Qu’est-on se sachant mobile, capable de, où, d’où, comment et combien de pour lever la main, sans aboutir à rien. N’est pas repos cet étendu qui inquiète pour finir. Et pourtant l’aube du corps ainsi connue séduit un peu, comme mort mangeant en la main. Finir par hurler au muscle, au muscle, aux muscles, la peur que cela cesse. Tant que corps au dedans, maître à nouveau de l’enveloppe où le regard passait, curieux, incapable de parler aux muscles.
De la fenêtre où j’écris, hurlent dans l’ombre des insomniaques à leurs fenêtres.

Aucun commentaire: