3 juil. 2009

Im… (ville-écran)

Sous l’incitation de Jérôme Denis (de Scriptopolis) et François Bon (de Tiers livre), le premier vendredi du mois est l’occasion d’un Grand Dérangement : idée d’écrire chez un blog ami, non pas pour lui, mais dans l’espace qui lui est propre. Autre manière, comme l’écrit Scriptopolis, d’établir les liens qui ne soient pas seulement des directions pointant vers, mais de véritables textes émergeant depuis.
Voir ainsi l’échange entre Liminaire et Fenêtre open space...



Pour le Grand Déménagement #1, Arnaud Maïsetti occupe l’espace ici, et ce jour, je suis chez lui.




Ville qu’on affranchit de tout quand on marche sur elle. C’est pour la prolonger, et nos pas la fondent, oui. Ville qu’on affranchit des distances, d’abord : et de l’espace qui se serre en moi, il ne reste plus que l’écart qui sépare le pas posé et le geste qui l’écrira plus tard (pas trop tard) ; écriture qui cherche l’intervalle mesurant la distance entre la vie et son récit. Ville qu’on affranchit aussi du temps passé à la combattre : les heures d’astreinte où il faut aller, les premiers métros, les derniers métros, sont la seule horloge du temps pour moi : entre, ce n’est que du temps mort ou vivant de l’occuper, de l’emprunter : de l’échanger surtout. Contretemps instable des heures qui meurent et vivent seuls, sans qu’on les pleure. Ville qu’on se donne et qu’on se partage comme sur un coin de table, les verres, les adresses : dans les paroles qu’on échange, c’est la géographie de la ville qu’on voudrait formuler, dessiner les contours — et c’est toujours d’elle qu’on parle, sans doute. Sur l’écran, les mots qui la disent cartographient, signalent les directions : ici, là. Ville qu’on affranchit quand on l’écrit : libèrent les paroles qui l’arpenteront.

Arnaud Maïsetti