21 oct. 2007

Imaginer (webcam)


Celui qui me regarde n’est pas moi.
Les yeux, deux, le décalage par la saignée blanche au dessus du droit, oui ; la bouche carmin, oui ; les cheveux, même : oui.
Mais, bien qu’il me regarde comme d’autre m’ont regardé et qui étaient moi, il ne l’est pas.
S’il l’était, comme par exemple l’est celui qui me regarde depuis les miroirs — et qui est moi, celui-ci, je le sais —, il lèverait la gauche lorsque moi la droite, ce qui le porte serait froid et la transparence parfois l’estomperait un peu, me révélerait un autre monde derrière ce moi-là. De même parfois surgirait-il de la transparence, moi tout à fait, bien que translucide et fugitif.
Tout ce, donc, qui le différencie de moi et me le fait reconnaître en tant que moi me regardant. Pouvant le faire.
De même suis-je moi, ombre qui me regarde, silhouette fondue qui coule et colle au support. Lève son moi gauche lorsque moi mon droit. Et pas sa droite pour la mienne comme celui-ci qui me scrute et m’imite, que je ne reconnais pas.
C’est encore moi, immobile et glacé qui me fixe dans les photos, moi figé, alors que je le tiens, moi, dans ma main.
Me regardant.
Bien moi, aussi, qui me voit dans un film à travers le décalage du temps et le souvenir de ce moi là que j’étais et qui me regarde à présent. Et que je reconnais, naturellement.
Il, depuis la fenêtre et l’écran, dans une pièce qui se joue la mienne en tout point, me singe sans cesse.
La saignée blanche à droite, soulevée de surprise, froncée de colère. aussi.
Tout essayer. Feintes et jeux de lumière.
Patience. Sa réalité le fera bien quitter la mienne.
(et me le faire connaître pour ce qu’il)
Il me regarde encore.
Mais ce n’est pas moi.

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