Je lis avec plaisir les compte-rendus et discussions suite au « forum pour une dynamique de la nouvelle chaîne du livre » là ou ici ou encore là.
Et heureusement, parce qu’au début, lisant le début du compte-rendu de François Bon, j’étais un peu colère.
Imagine-t-on vraiment les enfants qui grandiront dans quelques années avoir une bibliothèque dans leur livre électronique et un roman dans la poche ?
Comment peut-on dénigrer la sensualité et le rapport que l’on peut avoir avec un objet qui n’existe pas encore ? Dont nous n’avons que quelque prototypes moches ?
Car le livre électronique ne sera pas un ordinateur portable. Il sera autre chose, sous une autre forme, plus légère, plus portable, avec un écran plus lisible encore.
Bien entendu, la littérature utilisera ce que ce média-là lui permettra, mais pourquoi serait-ce une obligation ?
Pourquoi tout la littérature précédente ne pourrait pas s’en accommoder parfaitement ? Où est la gêne ? Un livre tient-il vraiment dans la page que l’on tourne ? (et qui dit qu’on ne pourra pas en tourner une ? Ou mieux qu’il y aura un autre plaisir que tourner une page, mais que ça n’en sera pas moins un.)
C’est une étrange aventure qui s’offre à nous, il reste tout à faire, tout à imaginer. Beaucoup a déjà été dit mais un exemple, bêtement pratique : comment notre rapport aux nombre de pages qui diminuent d’un côté pour alourdir l’autre main se fera-t-il ? Comment évaluerons-nous le reste de paragraphes avant la fin du chapitre (ce qui décide, bien entendu, du fait que je m’assoie ou pas sur un banc du quai du métro avant de sortir de la station).
Mais hormis ces questions qui se régleront, je l’espère, avec la participation éclairée des sus-nommés, entre autres, ne s’agit-il pas tout simplement d’un livre ?
Car évidemment, si je le souhaite, mon livre sera rempli de signets, de renvois vers un autre livre, et souligné et annoté.
Évidemment, je pourrai rapidement rechercher tel ou tel passage qui m’avait tant touché.
En quoi est-ce différent de ma relation actuelle au livre ? En quoi n’aurais-je pas envie de m’arrêter pour relire un passage, encore et encore ? Et d’en faire profiter un autre ? Pourquoi faudrait-il que ce soit un usage pressé, bâclé, pas en adéquation avec la littérature, la poésie ?
Et surtout, est-ce la mort du livre papier ? Pas sûr, non. Peut-être aurons-nous le choix. Les musiciens sortent de plus en plus des album mixtes téléchargeables / CD qu’est ce qui empêche la chaîne du livre de faire pareil ? (on les attend sur les formats).
Peut-être peut-on craindre l’image, l’interactivité : si le livre électronique peut afficher du texte, il pourra afficher de l’image se connecter au net. Mais imprimer des livres papiers empêchera-t-il mon voisin de regarder un film sur sa console portative ? Non, bien sûr. Ce n’est pas là la question.
En tout cas, j’attends la suite des débats !
Il faudra que je prenne le temps de parler un peu des outils de création littéraire qui pourraient être empruntés à l’informatique, et aussi de la mise en page dynamique (des textes et des images) qui changera tout dans ces livres de demain.
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