29 avr. 2009

Imaginer (immédiatement)

   Tout alors devrait cesser ? Ne pas laisser au temps celui de se poser sur l'écrit. Ou. Ou laisser au temps celui de se poser, mais n'y rien ajouter d'autre, pour l'épaisseur de la macération ou la fluidité qui s’échappe, comment définir la multitude du processus ? Éviter absolument tout autre chemin que celui de mots qui s'est ouvert alors ; pas un jour où, descendu puis remonté,
   S'assoir là, au lieu même — à l'instant — de l'élan. Et laisser dire, se dérouler, comme la facilité se laisse toucher parfois entre deux circonvolution, ce que dévoilé à peine, début de vibration, ou inspiration qui précède la note, non musique mais indispensable à l’avènement de la musique. Rien de plus que bribe de phrase mais évidence de ce qu’annoncé alors, inconnu mais familier. Essayer donc, et qu’il n’y ait pas même de volonté d’essayer, que noter ne soit rien de plus qu’un automatisme non conscient, un reflet lointain qui ne ternirait pas la source.
   Rester en grève, tant que l’espace aussi deviendrait lieu de défilement immuable, le temps que les nuages passes pour créer un ciel, que les lumières s’allument et s’éteignent tout autour pour la côte, assez de temps pour qu’un cargo, sa course, balaye tout l’horizon, n’ayant pas d’autre existence que celle passée entre les deux extrémités, au loin, l’horizon. Passeraient, dans la lenteur qu’impose cette existence d’acier, d’un groupe de lumières à l’autre, sous un ciel en création constante : couleurs et moires, formes des vagues et chants d’écume, lent prolongement jusqu’au rivage du chamboulement des crètes par la course maritime, porté au pied par la houle. Liseré mourant à l’orée de soi, vite absorbé, effacement du reflux en promesse du flux déjà gonflant ses joues. Attendre que l’espace se résolve enfin, là où le temps échoue. Ou que la voix s’épuise.

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