25 juin 2008

Imaginer (souffle)


Instant où la parole s’efface ; que la bouche desséchée se refuse à elle pour la seule scansion du souffle, ou que les mots ne trouvent plus leur trajet d’ombre qu’éclairait encore un peu, il y a peu, la nécessité du dire encore. Un peu encore. Infime, ajouté à tout ce que dis depuis loin derrière, jusqu’à ces riens d’il y a peu. Parvenait alors la fatigue des mercis et celle des menus désirs. Un verre d’eau, quelques nouvelles du ciel.
Fini l’infini du silence de l’instant, les secondes d’inspiration reprendront, délicatement enlacées aux expirations ; vieux soufflet obstiné qui marque encore le temps.

À ses côté la veilleuse veille. Vacillantes parfois.

L’autre se penche au dessus, soudain dressé sur la petite pointe de petits pieds, mais c’est baisser la tête vers plutôt que de l’y élever, passer au delà du grand lit, des barreaux, des draps trop lisses, porter le souvenir de jeunes lèvres jusqu’au piquant du visage ; passe le rire d’antan. Loin. Incongru. Réponse aux pattes d’oies qui s’affirmaient aux coins des vieux yeux déjà. Se heurte au vide des joues du présent.
Tête et cage vieux soufflet. Épaules, genoux. Soubresauts de l’allongé, ou du corps de l’allongé, question de celui-ci étant ou pas l’hôte de celui-là. Il essaye. Petits mots à l’oreille, petite voix sourde avant de passer la bouche ; que dire ? Dans la respiration encore s’insinuer. Une main posée, relever quelques mèches collée par la chaleur. Lentement. Un œil lui répond peut-être par un entrebâillement de paupière qui s’étire jusqu’à ce que le sommeil le ferme à nouveau. L’autre non. Clos.
Mais il répond, quoi qu’il en soit.

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