23 nov. 2007

Imaginer (la pluie)







Vieille soudain.
Le dos, mal. Les yeux comme trop petit, et rougis un peu ; bien peu vu. Pourtant oir ne nécessiterais que la tête à tourner mais le cou ne le peut plus, encadré des épaules qu’habitent un lente douleur grinçant jusque dans les jambes, par l’arc des vertèbres soudées.
La montagne escalier devant attends : dans peu il faudra, marche à marche, bougie en main, aller faire lumière au plateau et rendre à chacun ces objets que la pluie a dispersés.
Quelques pas, lourds et lents en coulisses, aller guetter ce que la lumière murmure aux planches et que la musique leurs dit déjà. Encore. Ne pas autre qu’aller voir, encore. Lui glisser un au-revoir, encore. Comme les autres soir, encore. Quand les mêmes mitaines aux mains, la même accumulations de vêtements au corps. La jupe noire que ma main essoufflée soulève un peu pour glisser vers le public pendant qu’il s’installe. Une noix offerte, un bonbon poussiéreux.
Sur scène, Hanna, lentement, laisse A. souffler la bougie du souvenu, de la fatigue, celle de l’accumulation lourde à son corps comme soudain au mien. Il faut bien que ce finisse. Savoir que. L’accordéon égrainé dans le silence absolu de la salle. Son regard, d’elle à lui, dans la fumée de la soufflée. Puis, petits pas lui pour elle, aussi, vont la coucher au milieu des siens. De ceux qu’elle a choisi pour siens. Abandonne le gant qui était main. Bruit de velcro, les jambes rendues à l’ombre de la jupe pour qu’A. la porte un peu plus dans ses bras ; perdre pieds. Su déjà la main qui se dégage. L’autre qui couche la visage à sa paume-berceau. Il l’allonge. La couvre.
Le train va crier dans le noir qui tombe pour s’arrêter, encore, ils s’y entasseront jusqu’au claquement de la porte sur l’oubli.
A. me frôlera ; vieille, pour les doigts gourds à rallumer la bougie, pour les marches, pour la lumière au plateau. Sous le masque figé, tremblement aux dents, aller petits pas, ne te dandine pas, Olivier quelque part en tête. Loin. Souvenir de.
Tellement vieille soudain.


Musique : Toute information sera la bienvenue…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

en espérant ne pas louper une reprise prochaine (en espérant qu'il y ait une reprise prochaine...)
et merci quand même...

et merci aussi, surtout, de cette trace ici - et d'avoir su dire combien le geste qu'on fait, qu'on fait faire, ou qu'on dit, est affaire de patience et de temps, et affaire de geste à refaire pour ne pas laisser le temps prendre le dessus.