19 mars 2009

Chaise et chaises. Sur lesquelles longtemps s’assis à ne rien regarder depuis qu’ayant finit de la lire il connaît sa partition par cœur. Long qu’il sait où poser ses doigts. Et quand les y poser. Quant au comment les y poser, la certitude s’effrite car plus s’entassent à ne plus les compter du tout les heures d’assis, plus les infimes l’assaillent ; comme les centièmes à habiter parfois, ou ces vibrations à laisser filer un peu, ou retenir. Du vertigineux, qui guette, et dont il ne sait finalement que faire sinon la nécessité dans laquelle il se trouve d’y creuser ; et le plaisir souvent oublié de se tenir au bord. N’y pas penser naturellement, l’intention y pourvoira. Apprentissage d’oubli. Sait donc où poser mains et doigts, l’empilement dans lequel se loge le dos, la petite tension au bout de trop d’assis : il ira marcher un peu, le devrait, repousse ce décrochement là. Il y a ce quoi qui pousse à l’encore, à la répétition. Acharnement parfois, sur chaises et chaise.
Mais les yeux ? Ne plus rien à regarder, ne plus rien voir que ce qu’à entendre. Il les fermerait bien comme d’autre le font pour chercher au clos des paupières, quoi ne sait — eux-mêmes ne le savent sans doute pas —, de la (non-)couleur peut-être, rien ou des images ou un miroir ou la partition peut-être. La partition… ne peut y croire. Pas elle. Forcément pas elle. Quoi qu’ils trouvent ou cherche derrière cette effacement, lui s’y heurte au noir impossible à ignorer, une attente de comblement dans laquelle il sait ne pas vouloir jeter son trouble en guise de satisfaction. En pis allé, garde les deux ouverts. Mais ne regarde rien. Ne s’y force pas, poserait plutôt son regard sur l’écoute ou en avant d’elle, désignant le chemin vers lequel les doigts poussent. Alors le vu encore guiderais l’entendu, les sans paroles qu’émiettent les doigts sur le vieux bois poli glisseraient de l’assis à l’inconnu debout. Tout autour.

10 mars 2009

Imaginer (bougé(e))

Se laisser déplacer. Un fois dernière. Encore.
Première ligne comme en, première ligne, et premier mot. Lui passé on est déjà dans la musique « foule de formes très vivantes »,  happé, partout vibrante à chaque coin de ligne. Et ça va vite, le rythme est là — et c’est dans le cambouis d’Emaz naturellement, le rythme — et vite on avance, le désir de. Mais arrêtes-toi, le faut, prendre le temps de sourire aux idées, aux passages, aux contre-chants qui filent vite. Non. Non, pas de petites musiques du quotidien, pas l’amertume d’une première gorgée mais bien littérature qui attrape qui traîne, pousse, la vie comme le reste quand est est omniprésente telle qu’alors. Traîne et pousse jusqu’aux italiques des lettres, plongées plus loin encore, doux amer, mais jamais plus loin que la littérature ne le nécessite.  Pudeur littéraire ; cette caresse à vague de frissons longuement prolongés sur peau. Une goutte pour un déluge. Le legato des sérif pour la densité des  poèmes. Blocs déposés avec soins, évidence de les y trouver, qu’ils participent du bougé(e).
Je l’ai relu en marchant, d’un patient à l’autre, puisqu’y revenir — « nos enthousiasme ont la peau dure ». D’ailleurs, peut-on vraiment arrêter un déplacement ?

Bien plus chez Arnaud.

1 mars 2009

Imaginer (rides)

 
   Sillons encore. Traces et creux. Cicatrice qui ne serait pas nécessairement plaies mais parures du temps passé. 
   Une nuit, tête dans les mains, occupé à compter ses rides. Pas-même se demander pourquoi mais le faire, partir avec précautions de la périphérie, converger avec le temps vers les deux grands ouverts. Prendre le temps du chemin de mémoire, dans le silence espéré. Attendre un peu avant de recouvrer la vue, de sortir la tête de l’ombre des paumes et de la nuit qui y languie emplie de souvenirs. Attendre avant d’offrir la jeunesse du regard au miroir de la peau tannée.