31 juil. 2008

Imaginer (prs à l’heure)


J’en avais rêvé il y a quelques billets, la communauté l’avait déjà fait : mon livre électronique affiche l’heure. Et j’ai bon espoir que la méthode qui a permis que le sony m’affiche l’heure puisse aussi, un jour, lire mes fichiers sons en ogg et en flac.

La communauté open-source étant ce qu’elle est il y a déjà un firmware open-source en cours de développement pour les livres électroniques, et le prs-505 est un des appareil auquel est destiné ce firmware. À quoi bon ? C’est très simple : pouvoir faire ce que l’on veut avec l’appareil. Lui faire lire les formats que l’on souhaite, avec le logiciel que l’on souhaite, améliorer les performances et utiliser toutes les capacités de l’appareil. Or tout dépends de la puissance et de la mémoire contenue, mais par exemple à partir du moment où il y a une prise usb (et que la construction de la carte mère le permet), on peut y connecter plein de choses ! Soyons fou : un clavier ? une clef bluetooth ? à vrai dire, je ne vois pas ce qui empêcherait d’y brancher une clef wifi… de nombreux pilotes sont dans le noyau linux.

Ça fait longtemps (depuis le jour de son achat, en fait) que mon ipod ne tourne pas avec le firmware Mac™ mais avec rockbox, qui me permet de lire tous les formats que je veux, de ne pas utiliser itunes ou équivalent linux et donc de gérer mon ipod comme une simple clef usb. Nous nous en portons très bien…

Dans la même veine, on trouve un dictionnaire qui peut tourner sur le prs-505 (pas pratique du tout, mais bon…) ou, plus intéressant, un gestionnaire de bibliothèque multiplatformes (lui !), calibre, qui propose même de récupérer des données sur le net, de les transformer et de les mettre sur le livre (vidéos).

Tout ceci est naturellement encore jeune, tout comme les appareils auxquels c’est destiné, nous verrons bien… mais il est rassurant de voir que dans ce domaine là aussi, la communauté open-source n’est pas en reste.

29 juil. 2008

Imaginer (montagne)

Mont, chairs assises lorsque non couchées, surmontées d’une tête nue où deux rieurs luisent lentement. Fatigue de la chair. Fatigue des yeux. Vivacité du regard n’appartenant presque plus au corps, le laissant, lui, à ce qu’il souffre trop, aux noms barbares dont se parent les causes et qui ne répondent pas aux question ; ternissement parfois des deux vifs avant qu’ils cillent et que l’ombre en soit chassée.
Sourire.
De la bouche entre joues rebondies et lèvres sang sortent les mots que la timidité ne peut y tenir plus longtemps. Besoin du dire, réflexes anciens de la politesse dictée. Ils disent entre deux essoufflements, incompréhensibles sinon la musique contenue qui signe leur origine, tandis que s’excusent dans un plissement complice les deux désolés. Un hochement de la lourde tête. Sourire au passage des sons.
Les mains répondent, timides avant que fermes dans leur certitude technique, répondant au corps, tandis que le silence s’étale face au décochement sans cesse des douleurs contre la masse. Les yeux tempères. Continuer. Rien de grave : le corps crie depuis tant que ces sursauts ne sont rien.
Surgit alors une enfant aux mèches sauvages. Un rien entre les grosses mains, un infini sur les larges genoux. Le bonheur cache la souffrance sous un tablier de caresses. Elle, légèreté minuscule, a déjà bondi sur ses frêles guibolles, s’est enfuie.
Avant la séparation dans l’assurance du retour, une boîte tendue de pistaches parfumées qui disent par l’émeraude cachée sous la paupière violette toutes les saveurs de la langue inconnue.
Acceptes.

27 juil. 2008

imaginer (livres ?)

Photo : Edward Burtynsky :
Rock of Ages # 15,
Active Section, E.L. Smith Quarry, Barre, Vermont, 1991


Petit billet rapide pour le plaisir de mettre la photo ci-dessus. Et j’encourage à aller voir le site.

Exploration de l’outil « tablette de lecture » depuis une semaine. Lecture de nombreus heures sous divers éclairages tel le train, le métro, la rue ou la petite lampe de chevet poussive : pas de problèmes.

Pris en défaut lors d’une utilisation avec lampe frontale… il ne faut pas de lumière qui pointe sur l’écran… je chipote.
La batterie tient bien, y compris en écoutant un mp3 en même temps.

Impossible d’installer le programme sony avec l’émulateur windows sous linux. J’ai donc du passer par un Windows XP™ pour mettre à jour le pilote. Gain en vitesse et qualité d’affichage très net et, bonne nouvelle, le support de l’epub arrive. Mauvaise nouvelle, c’est encore balbutiant. En particulier pas de support pour la justification du texte et la coupure des mots : avec une faible largeur d’écran tel que c’est le cas (9 centimètres), à moins de lire de la poésie, c’est raté.

Reste que l’arrivée de ce type de formats qui permettent de reformater les textes fonction des supports, se pose le problème déjà posé pour lequel je n’ai encore lu de solution : comment se repère-t-on dans un texte qui ne cesse de voir son nombre de pages modifié ?
Comment noter sur un bout de papier Cf. p.79 si nous n’avons aucune assurance que le passage souhaitée sera encore à la page 79 ?
Je suis convaincu que l’étalon du livre, la page, va devoir s’adapter (disparaître ?).
Or les signets électroniques ne le remplaceront pas. Pas tout de suite. Comment un prof pourrait-il faire un cours et donner des références avec signets électroniques ? Il enverra peut-être son cours aux élèves, avec les extraits liés. Demain sans doute. Pour l’instant, le support n’est pas là (pourtant, j’ai vu que sur la carte SD de mon sony, un nouveau dossier a été créé qui contient les notes de Digital Édition™).
En attendant, je ne vois qu’une seule solution simple : changer d’échelle. Puisque la page n’est plus, rabattons nous sur le mot — voire sur le caractère, mais les quantités vont vite être ingérables. Forcément, comme le nombre de mots d’un livre peut malgré tout vite être important, peut-être userons-nous du déci-mot ou du kilo-mot. Je nous vois bien avoir quelques difficultés à nous y faire, mais les journalistes manient ces unités-caractères depuis longtemps. Et puis nous avons bien appris à parler en kilo, méga, giga, octets ou pixels, je ne vois pas pourquoi Cf. 2,165 kMt ne finirait pas par être une référence parlante.

Peut-être utiliserons-nous plutôt des pourcentages, ou des « pourmille » (‰) de ce nombre de mots dans l’ouvrage. Pas sûr que ce soit assez précis.

Et puis, s’il te plaît, monsieur Sony™, je voudrais bien que tu occupes un peu cette barre noire en bas de la page en y mettant, par exemple :
— l’heure (mise à jour à chaque tourne de page) pour que je sache qu’il est vraiment temps de fermer la lumière ;
— le titre, l’auteur, de ce qu’affiché — oui, c’est bête, mais comme le support est inchangé, quand on rallume l’appareil, il serait bien de savoir sur quoi l’on tombe !

Pour finir, pour les accros parisiens et autres usagers du métro, une version png du plan des stations, à mettre dans le dossier « image » : ici (il faudra zoomer dessus).

18 juil. 2008

Imaginer (prs 505)

(oui, la photo est horrible, c’était pire avec le flash ou une lumière directe)

Me voici donc en possession d’une « tablette de lecture » sony prs 505.

La bête est plutôt jolie, bleue foncée — j’ai choisi cette couleur en espérant que ça favoriserait un bon contraste par rapport au papier — étonnamment légère et fine hors de sa pochette.
La pochette est de plutôt bonne facture bien que le mode d’accrochage fasses que le livre n’en est solidaire que par la tranche (comme une page, en quelques sortes) et bouge un peu dans son emplacement. L’autre inconvénient, c’est qu’ouverte, les boutons sont à quelques deux centimètres du bord et qu’on a moins l’appareil en lui-même au creux de la main portant le poids sur le bout des doigts. La tenue de la main droite est plus agréable sans la pochette… et plus agréable avec de la main gauche !
Je ne vais pas détailler tous le fonctionnement, il y a suffisamment de vidéos et autre sur le sujet partout sur le net. Reste que les boutons sont assez agréable, plutôt durs mais on évite ainsi les appuis inopinés.

Quelques considérations techniques :
  • Impossible d’utiliser avec ma carte SDHC de 8Go. Même en la partitionnant de façon qu’une première partie n’en fasses que 2 ;
  • la carte SD de 2 Go est parfaitement reconnue ;
  • branché via le câble usb, linux reconnaît automatiquement la mémoire interne et la carte SD comme deux clef usb correctement nommées et automatiquement montées ;
  • il suffit de recréer l’arborescence dans la carte SD tel que François l’a indiqué dans son billet concernant les Mac™ (à ceci près que le lecteur avait automatiquement créé un répertoire « Sony Reader » dans lequel j’ai créé l’arborescence ;
  • premier chargement en quelques heures via la recharge qui se branche sur le courant
  • pour la synchronisation, nous disposons sous linux de conduit dont la dernière version sortait hiers, coup de chance, car bien que prométeur, le logiciel est un peu jeune à mon goût. Pour les ubuntero, un dépôt pour cette version est disponible sur launchpad et conduit est un des logiciels dont on trouve des mises à jour sur getdeb ;
  • mauvaise nouvelle : pour pouvoir installer, qui sait peut-être, des mises à jour du firmware (ou un firmware opensource), il faudra impérativement passer par le logiciel dédié ne fonctionnant que sous Windows™.

Première réaction, comme tout le monde : la lecture est étonnamment facile, on oublie totalement l’appareil. Les blancs pourraient à mon goût être un peu plus blanc mais ce n’est pas gênant pour la lecture. Le temps de réaction après chaque appui sur un touche est au début surprenant et il faut s’habituer à ne pas cliquer 3 fois là où une seule suffit… plus un léger temps d’attente. Ceci entraîne que lors de la lecture on se retrouve à anticiper un peu la fin de la dernière ligne pour tourner sa page.

J’ai testé des pdf issus de publie.net, d’autres de feedbooks (qui permet de régler soi-même la police utilisé et la taille des marges, dommage que le site ne soit pas plus francisé et qu’on ne puisse pas facilement dire qu’on ne veut que des livres en français) ou d’aldus. J’ai bien entendu créé moi-même des pdf avec context. Je pense d’ailleurs que le plus confortable est de ne mettre aucune marge ou presque. Quand il y en a, mon premier réflex est d’appuyer sur le bouton « zoom » pour que le texte occupe toute la page. Cette fonction pose quelques porblèmes avec les pdf car avec certains pdf, quand on passe à la page suivante, le zoom n’est pas optimum et il faut revenir à la taille normale avant de re-zoomer.
Les résultats sont mitigés, certaines polices trop fines ou détaillés passent mal (la LinuxLibertine par exemple) alors que d’autres sont très bien (j’ai utilisé la Gentium pour le moment). Il faudra que je teste une des nombreuses polices « sans sérif » libres disponibles et qui sont peut-être plus adaptées puisque moins ornées.

J’ai beaucoup moins testé les .rtf mais il semble que le résultat soit également très bien, avec cet atout de permettre de changer la taille des caractères. Un regret cependant : on dirait bien que les polices qui sont dans la machine sont très limités… l’apostrophe typographique « ’ » n’est pas reconnue — c’est pourtant le guillet de citation de second niveau en anglais —, le tiret sur cadratin « — » non plus. Il est vraiment dommage qu’un appareil destiné a rivaliser avec le livre ne permette pas ce minimum de mise en page. Peut-être est-ce OpenOffice qui s’y prend mal…

L’ergonomie de la navigation est agréable, avec quelques raccourcis bien pensés lors de l’appui long sur les touches, utiles compte-tenu du temps de réaction.

Je n’ai jeté qu’un rapide coup d’œil aux courts textes déjà présents dans l’appareil à la première ouverture. La qualité semble au rendez-vous mais le format n’est pas ouvert, je ne sais pas comment on peut créer des fichiers qui l’utilises et il peu de chances que j’essaie de le faire ! Poubelle.

Car bien entendu, tout n’est pas rose… et sony n’a pas retenu la leçon après l’abandon « forcé » de son format de fichier audio (l’ATRAC). Où est le support de l’epub ? Pourquoi l’appareil ne sait-il pas lire des fichiers sons au format .ogg ou .flac qui offrent pourtant une bien meilleur qualité que le propriétaire mp3 ? Espérons que des mises-à-jour du firmware apporteront le support de ces formats (on peut rêver). Pour finir le support du format .doc est annoncé mais en fait il faut être sous Windows™ et posséder word™ pour que le logiciel de sony fasse la conversion à notre place.
Bonne nouvelle pour l’affichage des images le format .png, bien supérieur au .jpeg, est supporté. Dommage que ce ne soit pas le rôle de la machine et que le temps d’affichage des images soit horriblement long.

Pour finir une conclusion après ces deux premiers jours : quelque soit les questions techniques qui restent à régler, une chose est certaine, c’est avant tout un livre. Ou ce qui s’en rapproche le plus dans l’usage. J’en veux pour preuve que quelques heures après en avoir pris possession j’étais déjà à l’utiliser tout naturellement, sans problèmes de reflets ou d’encombrement, dans le bus, pour lire en marchant comme à mon habitude, ou au lit le soir. Aucun autre appareil de lecture ne m’avait permis ça jusqu’à présent. Je sens qu’il va falloir que je trouve un moyen de le protéger : il ne va pas beaucoup me quitter.

16 juil. 2008

imaginer (sens)

Richard Avedon - Samuel Beckett, écrivain 1982

Dehors ! Hors de. Soi (nowhere). (Out !). Hors de et donc vers. Loin de ce qu’étant. Ce en quoi étant. Réfugié et incapable de quitter. Le rassurant. Ou un instant seulement : lever. Instant d’image, de photo, un rien de quelques millièmes de déclenchement, fraction de. Contre ce nulle part qui retient à l’intérieur, dans le noir et la vieille systole. Berceuse. Out ! La tête, un instant. La relever pour fixer. Droit devant — mais ce ne sera que soi l’aperçu pour finir, encore soi. Sur sels d’argents. L’avenir ou le futur. Ce qui vient là, figé dans la photographie l’instant d’après. Cet après développement. Futur qui restera si longtemps qu’il finira par être passé. Loin, tant qu’après plus même de noir ni systole. À quoi bon ? Relever pourtant les yeux hors du noir. À moins que noir ne soit finalement que lumière. Ou gris impalpable de la cécité. La lecture donne le sens. La sortie pour un temps. Ouvrir. Et le re-plongeon juste après. Le millième suivant. Un clin de diaphragme et non. Finalement non. Plus à trouver tête baisser. Plus à montrer, à dire. Y retourner.
Non pas que ne pouvoir la relever. Non, bien entendu. Ni le vouloir. Puisqu’à voir bien sûr. À scruter. À faire silence avant le temps du moins dire. Du faible moins dire.
Mais devant cet œil et cette mémoire qui s’annonce. Le risque de cette mémoire ; re-.

5 juil. 2008

Imaginer (fer)

Passage régulier au dessus d’une voie de chemin d’herbe. Enjambement du temps par quelque marche sitôt montées que leurs jumelles descendues après un court plateau sali, hauts grillages pour enclore la verdure citadine qui s’y ébroue, sauvage et protégée, aussi rare qu’abandonnée. Des hurlements colorés sur les murs vibrent à nouveau sur la pierre, vite, sitôt qu’un blanc pâteux les muselle, ajoute un sédiment à l’âge des villes.
Sous la mousse le rouillé gangrène ce dont imaginer vite les longues plaintes d’un train qui arrive, freine, acier contre acier — devant la roue, à hauteur d’essieu, une petite bouche est là, crachant un filet de sable pour augmenter le mordant —, s’arrête finalement toutes portes ouvertes avant d’emporter loin ceux qui y auront remplacé les nouveaux abandonnés du quai.
Passer lentement, la gestion du temps est vitale et l’énorme pendule n’est pas loin dans le dos, à côté de l’immense tableau des destinées à venir ; sentir les quais du monde et leurs foules aveugles se bousculant en traînant derrières elles leurs vies sur roulettes, les angoisses affleurant sous les recommandations, les souhaits de météo et ceux du retour. Retrouvailles ici, même pendule même foule, dans l’autre sens. Guettera au travers des têtes, revenant, celle là qui s’apprête à partir, aperçue un rien encore par delà son propre reflet, au dessus du peu de tronc que laisse entrevoir la vitre.
Arriver vite, la tête pleine de ce que dit, de ce qu’à dire, rien distingué vraiment de la masse grise des couleurs de l’habitude, les marches à la volée, mais sitôt qu’en haut prendre le temps et être pris par lui, un coup d’œil sur l’acier des lignes de fuite tronquée, la scansion obstinée des traverses rongées peu à peu, tout chassé en crâne d’un coup, un paysage nouveau glisse sous la peau, des ombres densifient l’air, forcent le « ralentis ! » intimé aux jambes. Une vibration sous les pieds, le pont tremble et après un temps immense c’est le silence des marches descendantes qui retentit finalement. Y repasser bientôt.