30 juin 2008

Imaginer (redondance)


Sac, duquel pas d’autre choix que tirer ce qui s’y trouve. Mots et idées et sons. Sons aussi. Palpés lentement dans le noir, la peau rougie de la main contre la toile raide. En chercher un dont la résonance tremble lentement un peu plus loin dans l’obsucurité, l’espérer autant que le savoir à portée de. En croiser d’autres, effleurer les images, frémir de ce à quoi elles renvoient — une odeur parfois dans le sac, fouilles encore —, les routes nouvelles, chapelet incertains. Ne pas. Ou si, justement, dévier parfois. L’autre route avec regret, la peur déjà, de celle qu’on ne prendra plus, la bifurcation perdue ou définitivement cassée. Se pourrait-il que quelques uns s’échappent ? Pour où ?
Saches que jamais encore n’as atteint le fond, que souvent c’est sur le vide que se clôt la main — appris à l’aimer, celui-là, tant il est du sac autant que le reste —, que d’aucun ne sont pas cachés si loin, pas caché, que les fuis en fait, un peu, sitôt qu’en leur parage, leur tournes autour sans doute, ou qu’eux te narguent. Imagines leur présence, ce qu’ils sont. Et leurs voisins vers lesquels reflues finalement.
Saches encore que le rouge à tes mains marque l’évidence revêche des limites de ton sac. Il faudra bien faire avec.
Et que s’il n’en est pas qui s’échappent bien qu’oublié un peu, reste l’idée qu’il puisse en rentrer.
Leur faire une place.


NB : Le mème du moment de la blogosphère littéraire. Cf ici ou .

25 juin 2008

Imaginer (souffle)


Instant où la parole s’efface ; que la bouche desséchée se refuse à elle pour la seule scansion du souffle, ou que les mots ne trouvent plus leur trajet d’ombre qu’éclairait encore un peu, il y a peu, la nécessité du dire encore. Un peu encore. Infime, ajouté à tout ce que dis depuis loin derrière, jusqu’à ces riens d’il y a peu. Parvenait alors la fatigue des mercis et celle des menus désirs. Un verre d’eau, quelques nouvelles du ciel.
Fini l’infini du silence de l’instant, les secondes d’inspiration reprendront, délicatement enlacées aux expirations ; vieux soufflet obstiné qui marque encore le temps.

À ses côté la veilleuse veille. Vacillantes parfois.

L’autre se penche au dessus, soudain dressé sur la petite pointe de petits pieds, mais c’est baisser la tête vers plutôt que de l’y élever, passer au delà du grand lit, des barreaux, des draps trop lisses, porter le souvenir de jeunes lèvres jusqu’au piquant du visage ; passe le rire d’antan. Loin. Incongru. Réponse aux pattes d’oies qui s’affirmaient aux coins des vieux yeux déjà. Se heurte au vide des joues du présent.
Tête et cage vieux soufflet. Épaules, genoux. Soubresauts de l’allongé, ou du corps de l’allongé, question de celui-ci étant ou pas l’hôte de celui-là. Il essaye. Petits mots à l’oreille, petite voix sourde avant de passer la bouche ; que dire ? Dans la respiration encore s’insinuer. Une main posée, relever quelques mèches collée par la chaleur. Lentement. Un œil lui répond peut-être par un entrebâillement de paupière qui s’étire jusqu’à ce que le sommeil le ferme à nouveau. L’autre non. Clos.
Mais il répond, quoi qu’il en soit.

19 juin 2008

Imaginer (laver)



Masque encore, sombre, couleur uniforme sous le jaune des tunnels comme au jour. Y retrouver la ville qui s’y cache, couverte d’une ombre de toute part que le soleil ne maîtrise plus : elle colle tant que la ville se trouve incrustée de cette nouvelle peau qui la vieilli sans lui donner d’âge vraiment. Poussière, acide et grasse, qui pénètre autant qu’elle recouvre, n’étant bientôt plus corps étranger mais nouvelle identité dont on ne sais plus extirper l’ancienne, blanche et ocre, engluée loin dans les souvenirs par ces infimes secondes accumulées jusqu’à masquer l’histoire. C’est un doigt, glissant dans la poussière, cherchant des ongles, qui y tracerait le désir du passé et, révélant peu à peu la vieille peau originelle, fatiguée, n’y trouverait qu’un nouveau présent.

16 juin 2008

Imaginer (le renard et la lecture)


Demain — en fait à 19 heures mardi en France — sortira la nouvelle version de firefox, la version 3. Je la teste depuis des mois et au delà de la rapidité accrue, la nouvelle barre de recherche fondue avec la gestion des signets m’est devenue indispensable.
Mais ce qui est également très important c’est le gain de qualité du rendu des polices et les nouvelles possibilités offertes de rendu d’images (mais aussi les canevas pour les balises sons et vidéo prévue dans html5 : au revoir le plugin flash).
La meilleur gestion des police est importante pour la lecture écran, car elle permet d’avoir des mises en page bien plus propres, avec ligatures et crénage mais aussi un lissage des polices plus agréable lorsqu’on lit longtemps. Toutes ces fonctions sont aussi accessibles dans les zones de saisie de texte telle que celle que j’ai sous les yeux alors que j’écris.
C’est d’autant plus important que c’est ce moteur de rendu qui équipera la version « mobile » de firefox, fennec, pour téléphones et autres pda, qu’on ne peut pas encore tester mais à propos de laquelle on peut trouver des concepts vidéos.

Beaucoup de ces nouveautés, détaillées, illustrée et en français sur l’indispensable framablog.

À télécharger, donc, les yeux presques fermés.

NB : l’équipe mozilla espère battre le record du monde de téléchargement en une journée… est-ce vraiment nécessaire pour se convaincre de la qualité ? Je préfère le gain incroyable en performances. Il n’est pas si courant que les logiciels, gagnant en âge et en fonctionnalités, soulage par là même nos barrettes mémoires. J’irais malgré tout contribuer de mon petit téléchargement.

9 juin 2008

Imaginer (il dansait)


J’ai oublié de dire qu’il dansait.
Voilà. Debout, devant une vitre que la nuit au dehors lui rendait miroir, il dansait. Se fixait lui-même, sourire aux lèvres, balancement des hanches, les mains l’une contre l’autre pour un son mat, sa voix dont les accents graves fuyants me surprennent encore parfois — les silences, ces dernières années, n’ont pas dû lui laisser l’accomplissement de ce basculement de l’âge — accompagnait le tout en chantant joyeusement les paroles ; connues, ressassées depuis si longtemps en silence, dans un balancement ou un cri.
Je le regardais depuis un canapé perdu, figé dans mon incapacité totale à me trémousser sur quelques musique que ce soit — préfèrerais être là, nu, à raconter ma vie, ce ne serait pas moi, il n’y aurait pas ce silence du corps dans l’espace, qui dénude l’âme. Il a alors cette force là, d’être, alors que ce pourrait sembler être le plus difficile qui soit pour lui. Non, aujourd’hui, et demain encore, il est comblé de cette victoire, et dans l’instant, il danse. Il y a ceux-là autour, jamais totalement loin, mais suffisamment pour qu’il s’abandonne à ce plaisir là. Distance, impossible à dire et à mesurer.
Il danse cette journée, le plaisir de nous y retrouver tous. Les liens vite renoués.

Ces moments peut-être, aussi, pendant lesquels ses deux bleus n’étaient pas moins accrochés aux miens que nos mains l’une pour l’autre. Deux arches qui j’espère le portent autant lui qu’elles me portent moi.

1 juin 2008

Imaginer (demeure)

« je nomme chacun des morceaux que je perds, jusqu’à ce que soit réduite à rien la distance du corps au langage »

Philippe Rahmy Demeure le corps

Du plus loin que mal, se souvenir être en vie.
Avoir en soi cette incongruité parasite qui ne cesse, palpitante de toujours dans la poitrine, circulation d’air sans relâche, pas un jour de soulagement, une minute de suspend.
Que la douleur croisse, embellisse, sans que cesse la vie, accrochée loin au fond de soi, s’y débattant encore.
Vie toujours, sans repos ni espoir de rémission, si peu parfois qu’elle semblerait immobile — existence en suspend, demeurerait le corps et ce qui le brise —, mais jamais totalement en fait puisque pour infime que ce soit, marche à marche, béquille de mots, elle progresse jusqu’à un point exquis — 10 sur l’échelle, dit-on — qui étouffera sous elle cette souffrance qui l’a précédée.