23 déc. 2007

Imaginer (balcon)



On s’assoira, ce jour, on montera vers, le bord du zinc fatigué qu’une mousse rase tatoue par endroits. Le froid à la peau, le frisson qui parachèvera l’isolement dans lequel un peu depuis la nouvelle.Ça passe. D’ici la ville et ses rues tracent les voies infinies qui parsèment la chênaie, toits et façades et fenêtres et halos de places en places. Et percée de la rue, sa rumeur dans la pente vers la clairière et son métro. Tout cet espace replié en les murs épais et les secrets de soi non sus et qui résonnent parfois derrière les lourdes tentures, aux pas des autres sous le lu. Replis pourtant, en lignes et paragraphes, et strates de pages, séparées les unes des autres — cahiers dit-on — il y a longtemps maintenant, mais qui gardent le sillon de ce couteau avide dans le vif du texte. Espace soudain qui ne connaît pas de deuil, s’extirpe du blockhaus au milieu de la foule en guirlandes ; infini déployé soudain qu’on voudrait dire, expliquer, comment l’on a scruté la mer et supposé la voile, comment le hameau bruissait d’où « elle sortant de la nuit chaque matin toute nette et claire, comme un galet d’où se retire le torrent. ». Espace et chemins dans l’infini littérature ; non pas direction mais signes simplement des possibles à jamais qui se travaillent pierre à pierre.
L’en forêt italique au dessus du récit par. La rugosité dans le nom, comme la rupture d’après la découverte, sur laquelle on tombe après avoir glissé sur le prénom doux. Une rose des vents et l’éditeur, à qui fidélité fut donnée — ce qu’en ce mot, le contrat à la langue comme au reste.
On s’assoira, ce jour, on montera vers, on cherchera, un balcon, un rivage…
Tremblement, peut-être. Le froid sans doute et l’inexploré, encore, par quarante-deux lettres et quelques ponctuations.


Musique : Second mouvement (andante) de la
Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur op.109 de Gabriel Fauré

21 déc. 2007

Imaginer (clos)

Que nuit et sommeil seraient passés en oubliant le corps et la conscience de.
Que dans le noir, encore ; sur le dos ou qu’importe puisque les yeux, au clos derrière les paupières ne le vérifient pas. Au mieux le noir pourrait se teinter de rose sang, au travers du clos aux veines bleutées, prouvant une lumière, cependant que la non couleur ne serait pas assurance de noir. Dormir ou tout comme pour qui observerait. Lent cycle dans la poitrine, allées et venues d’air, atonie tranquille dans la main au sol et masque-visage oublié. Qu’eux, yeux non-clos derrière leurs closes, sans cesse veulent savoir. Mais ne cherchent plus d’images, plus de lumière. Il faudrait déclore, or on dors paupière baissées ici, Monsieur. Et puis ouvrir ce serait quitter la léthargie, laisser à l’éveil la place qu’il occupe déjà trop quand la conscience est là. Soudain savoir le corps au bout des doigts, des lèvres, connaître un cheveux qui y glisserait. Trop. Alors tandis qu’aucune volonté de voir ne les presse, ces yeux-ci sont occupés à scruter le sentis, ce qui dans le muscle patiente et n’abandonne pas totalement les os. La main, par exemple, celle qui gît au sol. Non sentis sol mais épaule et coude ne pourraient être ce qu’ils disent sans que cela mette la main au sol. Car l’anesthésie habituelle est en la main — elle, n’est pas — mais pas au reste du bras. Bien que sentis, triceps carmin, y projetant tout la volonté de mouvement que le poids du sommeil assomme, rien ne vient mouvoir ce soudain épais. De même à la cuisse, au dos qui pousse les vertèbres contre la peau qui les contient. Gésir. Qu’est-on se sachant mobile, capable de, où, d’où, comment et combien de pour lever la main, sans aboutir à rien. N’est pas repos cet étendu qui inquiète pour finir. Et pourtant l’aube du corps ainsi connue séduit un peu, comme mort mangeant en la main. Finir par hurler au muscle, au muscle, aux muscles, la peur que cela cesse. Tant que corps au dedans, maître à nouveau de l’enveloppe où le regard passait, curieux, incapable de parler aux muscles.
De la fenêtre où j’écris, hurlent dans l’ombre des insomniaques à leurs fenêtres.

11 déc. 2007

Imaginer (aube)

Bitume, bitume, bitume.
Sur le luisant retour.
Les cicatrices familières, rigoles sans source ni delta, encadrent de petits champs teintés de gris variés, ocellés de chewing-gum morts que rien ne lavera plus.
Et, pour chaque parcelle, une date, gravée lorsqu’encore malléable le bitume fumait. Vie ou mort ? Où la stèle de ce tombeau ? Qu’en dessous ?
Cadavre de ville desous le macadam.
Babil de communications, cavalcade d’électrons, lentement dilacèrent les rues pavées enfouies, maisons et caves en décomposition, jardinets, et escaliers aveugles. Tandis que de pseudo-nappes corsetées de cuivres digèrent les derniers reliefs, ne reste sous la tombe qu’une terre livide, d’où rien jamais ne pousse.
Certaines graines s’y essaient, champignons ou chênes, rident le front élastique jusqu’à ce qu’à force de vague le tombeau se fissure.
On comblera bientôt, cette mort qui persiste jusqu’à nier l’oubli.

La ville cepandant qui bourgeonne et s’étale, belle sous la pluie comme lorsqu’aux toit lointains glissent des langues bleus qui teintent les fenêtres.

Nul besoin pour ce, de ce terreau stérile, scellé de gris daté.

Penser ici parfois,
passant,
déposer en pensé,
le vert de quelque houx,
et des fleurs-bruyères.

3 déc. 2007

Imaginer (falaise)

Une première expérience, dans ce billet, de mélange du texte et de l’image.
Un grand merci à Sébastien Van Eyck (fondateur de Not a Number), pour l’ensemble de la technique.
Concernant la technique, il se peut que vous ne voyez rien…

– Certains agrégateurs de flux rss n’affichent pas bien le flash (google reader, par exemple), allez voir le blog lui-même ;
– si vous n’avez pas le plugin flash, votre navigateur devrait vous le proposer, accéptez ;
– si vous utilisez internet explorer, pas de panique, cliquez ici ;
– si les caractères accentués et autres sont mal affichés. Dans firefox allez sélectionner Affichage > Encodage des caractères > Détection automatique > Encodage universel à partir de la barre du haut ;
– C’est encore une phase de test, et blogger est « capricieux ». Si vraiment rien ne s’affiche sur cette page, rendez-vous .

Une fois sur la bonne page, attendez que le tout soit chargé et taquinez votre souris…
Ce n’est qu’un petit essai, d’autres variations à venir, j’espère.

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